Rencontre avec Frédéric Bernard, directeur technique de la société I.E.S (ingénierie, software, technologie), responsable du département Ingénierie, maître d’apprentissage de Paul, apprenti ingénieur

Créée en 1999 et implantée en Normandie, la société d’ingénierie IES travaille principalement pour des entreprises locales du secteur de l’industrie. Avec un chiffre d’affaires annuel de 6 millions euros, elle emploie une centaine de personnes et a de plus en plus recours à l’apprentissage en alternance, comme nous l’explique Frédéric Bernard.

1/ Quels sont les avantages pour une société comme IES de recruter des jeunes ingénieurs en alternance ?

L’entreprise grossissant, nous avons eu besoin de recruter des jeunes pour compléter notre organisation. Pour cela, nous avons deux solutions : embaucher des bac +2, qui ont un bagage technique et vont se former petit à petit, ou des ingénieurs en alternance, qui atteindront plus vite le niveau de « responsable d’affaires ». Cette deuxième solution est très intéressante pour nous, car nous avons l’assurance de pouvoir former ces jeunes, qui préparent un diplôme généraliste, à nos pratiques et à notre identité. Ce formatage est gage de réussite pour la suite !

2/ Comment concevez-vous votre rôle de maitre d’apprentissage et quels sont vos liens avec l’école de Paul ?

Je crois qu’il faut avant tout être pédagogue et diplomate. L’objectif est de voir la personne progresser et s’épanouir. Cela demande de lui consacrer du temps, d’être à son écoute, de lui donner de bons conseils, de lui expliquer les termes de notre jargon et de l’encourager à poser des questions. Il faut enfin lui fixer des objectifs, évaluer ses progrès et définir des pistes d’amélioration. En tout cas, c’est très intéressant pour le maître de stage, aussi. C’est enrichissant, on se remet en question… La communication avec l’école se fait principalement par mail ou par Skype, et via un cahier de correspondance qui fait le lien.

« Pour un apprentissage réussi, avec des jeunes curieux et motivés, il faut leur proposer des sujets intéressants, d’un niveau d’ingénieur »

3/ Comment choisissez-vous vos apprentis et quelles sont leurs perspectives d’évolution dans l’entreprise ?

Nous veillons à ce que leur cursus scolaire corresponde à nos métiers, mais c’est aussi l’entretien qui est décisif : il faut que la personne nous fasse envie et que cela soit réciproque ! Il faut qu’elle se sente bien chez nous, pour que nous puissions tirer le meilleur d’elle. C’est à nous d’être bon pour qu’elle évolue dans le bon sens et que nous puissions ensuite l’embaucher. Nous ne leur promettons rien, car nous ne maîtrisons pas la conjoncture, mais si nous prenons le temps de former quelqu’un, sur deux ou trois années, généralement c’est avec l’intention de le garder.

4/ Ce qu’ils apprennent avec vous est-il très différent de ce qu’ils apprennent à l’école ?

C’est complètement différent : nous travaillons dans l’industrie, c’est très technique, ce qui leur permet de mettre en application la théorie qu’ils étudient à l’école. Avec eux, on parle installation, matériel, construction, c’est très concret et très intéressant. Ils sont d’ailleurs très attentifs et concentrés

5/ Y a-t-il des précautions à prendre dans le suivi des apprentis ?

Il faut être clair sur ce qu’on attend d’eux ; les générations évoluent, les mentalités changent et il faut savoir définir certaines limites. Dans un bureau d’étude, il y a en général une bonne ambiance, de l’entraide et un esprit collectif qui ne doivent pas faire oublier aux jeunes qu’ils sont, malgré tout, dans le monde du travail ! Il y a par conséquent des règles à respecter ; mais nous avons très rarement des problèmes. Le plus souvent, les apprentis sont reconnaissants et une véritable relation de confiance s’établit entre nous.